01.2. CINDY SHERMAN : l’identité multiple.

ill. 6

Untitled Film Still #13

1978

ill. 7

Untitled Film Still #34

1979

On a vu que l’identité pouvait revêtir différents masques en fonction de différents contextes, l’identité n’ayant de sens qu’en fonction du rapport à l’autre et/ou du rapport au contextes sociaux. Si chacun doit construire sa propre identité, ou être dans un état de construction permanent (Cahun), c’est en tout cas quelque chose qui se construit ou qui s’établira toujours dans un rapport à l’autre.

01.2.1 Interprétations.

Le problème de l’identité de l’acteur et de l’artiste qui joue à être un autre.

Cindy Sherman et les rôles sociaux de la femme.

ill.9

Contacts pour Untitled Film Still #15, 1978.

Cindy Sherman travaille sur une multitude de personnages, elle interprète des rôles calqués sur les modèles que renvoient les médias, magazines de mode, et films où la femme devient cet obscur objet du désir, convoité et consommé. L’artiste endosse ses rôles pour mieux les critiquer en faisant ressortir les stéréotypes d’identités prédéfinies de la femme par la société masculine (ill. 6 et 7)

Elle montre que les médias nous fournissent du « prêt-à-porter » identitaire et par là-même fournissent aussi le propre travail de Sherman.

ill. 8

La façon dont elle endosse ses rôles est extrêmement bluffant, dans le sens où bien que l’on voit son visage distinctement, il est difficile de l’identifier[1], de savoir véritablement à quoi l’artiste ressemble physiquement. Ses rôles semblent dominer son propre corps et semblent ne rien laisser transparaître de sa personnalité.

Les personnages interprétés au travers de la série Untitled Film Stills (ill.9) n’en restent pas moins désirables, Sherman entend critiquer l’image de la femme , mais en étant elle même à l’image des modèles qu’elle critique, elle n’en fait que ressortir un lot de stéréotypes, un inventaire mais où la dimension critique est discutable, ses photographies pouvant aussi bien participer à l’idéologie machiste t’en aux clichés que les combattre.

Encore plus aujourd’hui, où elle même tends à devenir femme icône, où l’on ne sait plus si ce sont des stéréotypes « critiqués » ou désirés par Cindy Sherman. Elle-même ne rêverait-elle pas d’être une femme fatale ?… Il est intéressant de remarquer que son portrait est publié dans les différents livres d’art (ill.8)et dictionnaire d’art contemporain etc. Montré en deçà de son travail, cet étrange portrait-autoportrait ?, jamais légendé ( pas en tout cas à ma connaissance ), apparaît dans le plus pur style Harcourt, telle une icône, jeune, prête à postuler pour un casting hitchcockien. Lorsque Sherman se fait « désirable », c’est l’œil projectif masculin qui est visé bien sur. Pour Amélia Jones, l’ensemble de son œuvre détermine

La représentation du sujet comme un effet de l’autre ( le corps/moi « charné » dont l’identité est une projection de ses observateurs incarnés et désirants).[2]

Peut-être Cindy Sherman l’a ressenti elle même, d’où la direction de ses travaux vers, une esthétique de l’abject du grotesque de ses photographies. Elle écrira dans ses carnets :

Quand il y a une femme, elle est encore toujours belle[3]

Mais Cindy Sherman évoluera plus vers des conceptions qui chercherai à trouver des solutions aux problèmes, une sorte de gigantesque work in progress. Mais qu’en est-il de son ses identités ?.

[1] Voir chapitre précédent « 01.1.2 Mascarade » , page 15 de ce mémoire.

[2] Cindy SHERMAN, Rétrospective, Essais de Amada Cruz, Elisabeth A.T.Smith, Amélia Jones, Thames & Hudson, 1998, Tr. Fr. Christian-Martin Diebold, Paris, Seuil, 1998, P 40.

[3] Ibid, Carnet, p202.

01.2. CINDY SHERMAN : l’identité multiple. ill. 6

Partager cet article