03.6. Survie.

Car, au delà de la cohabitation, il s’agirait plus d’un système de survie. Mais, dans La Proie des âmes[1], le roman de Matt RUFF, l’auteur conte l’histoire d’un personnage au travers de ses identités multiples. Pour le soigner le thérapeute qui le suit tente pour lui éviter de sombrer dans la folie de le faire s’imaginer une maison virtuelle dans sa tête (ill.29) d’où chaque identité serait le locataire d’une des pièces, la garderie était le lieu d’une identité qui n’est autre qu’un enfant d’une dizaine d’années. Procéder qui permet véritablement de visualiser le fonctionnement des identités multiples.

Dans le cas médical du M.P.D.. Alors que deux systèmes s’opposent. Pour survivre soit on propose de détruire les identités, soit de ne pas se laisser gagner par les identités dominantes néfastes, qui sont généralement les identités agressives, dépressives, etc,

l’auteur propose ici de faire cohabiter les identités entre elles quelles qu’elles soient.

La « Chaire » représente le balcon de la maison. Lorsqu’une identité prend place en ce lieu, c’est elle qui est présente et s’exprime au travers du corps. Dans le livre et dans le cas réel, il est important de souligner que toute les identités ne peuvent contrôler le corps, seule trois ou quatre en on généralement la possibilité.

Cela dit nous pouvons imaginer cette maison dans notre tête, où nous aurions diverses identités, toutes ayant leur propre personnalité et agissant chacun dans son contexte.

Il est possible que la création de cette maison permette même d’améliorer ses identités, de les visualiser au mieux et de les contrôler. On pourrait penser qu’à notre époque ne pas être pourvu d’identités multiples nous vouerait à l’échec car, notre environnement étant lui même multiple, divisé en d’innombrable catégories, d’innombrables règles, comme Tony Oursler le spécifie, c’est la norme actuelle, il n’est pas possible de ne pas être multiple, nous avons vu que, même du point de vue de notre apparence nous sommes pas seul, nous sommes loin d’être une unité au regard des autres.

Et, via la représentation médiatique, photographique ou vidéo, l’homme avec sa multitude d’identités est en train de s’adjoindre la caractéristique qui lui faisait tant défaut, le sacre ultime de la multitude.

L’homme fit Dieu à son image,

et Dieu advint toujours et partout,

l’image fit l’homme à l’image de Dieu ,

et l’homme fut partout, tout le temps, pour toujours et à jamais,

et par delà le mur du sommeil éternel, il gagna l’ubiquité.

Dès lors je dois vivre en divisions constantes pourvu d’identités multiples au sein de mon propre corps et au regard des autres. Mon propre corps ?, n’est-ce pas plutôt, mes propres corps ?.

Car voilà que le malade atteint des « Troubles de l’identité dissociative » ne partage pas un seul et même corps, il est littéralement plusieurs corps.

Au sein d’une même personne, si l’identité [ A ] se blesse au visage et qu’elle en garde une cicatrice, l’identité [ B ] ne peut concevoir l’existence même de cette cicatrice et s’il y a souffrance physique ne peut ni en appréhender ni l’origine, ni la comprendre. Se produit alors un effet de rejet.

Chaque identité ayant son propre corps, ses propres traces, sa propre mémoire, sa propre existence, son propre langage. Aussi elles ne naissent, ou plutôt n’adviennent ni ne meurent, ou plutôt ne disparaissent pas indépendamment les unes des autres.

[1] Matt RUFF, Set This House in Order, HarperCollins Publishers Inc., 2003, Tr. Fr. Seuil, La proie des âmes, contes spirituel, 2005.

03.6. Survie. Car, au delà de la cohabitation, il

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