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imultiple
2 octobre 2005

04 La proie des âmes : Tony OURSLER. -Je suis

04 La proie des âmes : Tony OURSLER.

-Je suis perdu ! Quelqu’un possède mon âme et la gouverne ! quelqu’un ordonne tous mes actes, tous mes mouvements, toutes mes pensées. Je ne suis plus rien en moi, rien qu’un spectateur esclave et terrifié de toutes les choses que j’accomplis. Je désire sortir. Je ne peux pas. Il ne veut pas ; (…)[1]

04.1. Je n’ai pas peur d’être dévorés.[2]

Tony Oursler, artiste américain est né en 1957 dans une famille italienne. Famille d'artistes, de peintres et d’écrivains. De 1976 à 1979, il fait ses études dans une prestigieuse école d'Art (Cal Arts) où il se détache rapidement de la peinture pour s'intéresser aux nouveaux

médias : vidéo et télévision en particulier.

Il trouve ses principales références dans les mouvements d'avant garde européens : le futurisme,  le surréalisme  et le  théâtre expressionniste allemand. Plus tard, il s'intéresse à l'Art conceptuel et devient un artiste important de la mouvance des années 80. Il s'exprime par des installations qu'il conçoit d'une manière flexible et ambivalente. Il y voit un moyen simultanément de déconstruire et reconstruire le musée. Son œuvre s'organise autour de trois obsessions majeures :

L'inventaire des régressions, des peurs contemporaines et des dérèglements psychologiques. Ces dérèglements, il les extrait principalement de deux univers : celui du conditionnement social et l'univers domestique.


Tous deux sont appréhendés comme une mine de désastres ordinaires, de violences, de refoulement et de morbidité ; le sujet y perd totalement ses moyens. La figure humaine s'y débat dans une atmosphère de catastrophe et de dissolution. Cette douleur et cette violence, Oursler va les incarner dans la forme de la poupée,

de la marionnette, du pantin, véritable «forme-souffrance». La poupée, forme originelle chez Oursler, se dégage des normes, du modèle et du mannequin.

Démesure du corps, têtes hors-norme, sur lesquelles sont projetées des vidéos. Le résultat, c'est un assemblage monstrueux de visages torturés, fragmentés et de stéréotypes corporels. Mais son expression la plus radicale, la plus aboutie, c'est le pantin.

Corps informe, désarticulé, fait de bouts de chiffons, de plastiques et de coussins dans une totale liberté de matières, de statures et de postures qui s'opposent aux normes et à la rationalité du mannequin. Les pantins d'OursIer se situent très rarement dans la verticalité. Le plus souvent, ils sont mis en équerre, plaqués au sol, écrasés. Ses pantins exprimant la souffrance et l'intériorité... dans une logique d'enferment, de crise et de traumatisme.

Tony Oursler utilise la vidéo dans un dispositif d’installation et n’utilise pas son propre corps, ni sa représentation[3]. Il utilise des marionnettes, poupées de chiffon sur lesquelles sont projetés des visages filmés qui élaborent de longs discours parfois compréhensibles, d’autre fois non, mais aussi hurlent, gémissent, pleurent, souffrent etc.


Les vidéo-projecteurs sont toujours apparents, l’artiste ne cherche pas à donner une illusion quelconque.


[1] Variation de la citation de la jaquette de couverture de Frontières humaines, Bifur, Ed du Carrefour, 1929.

[2] Guy de MAUPASSANT, Horla, Version publié dans Gil Blas du 26 octobre 1886, Contes Cruels & Fantastiques, Paris, Librairie Générale Française, 2004. Page  39.

[3] Sauf dans la première version de Untitled M.P.D. où c’est lui-même qu’il utilise.

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