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imultiple
2 octobre 2005

04.5. Etre ou jouer à être, ou Le danger des

04.5.         Etre ou jouer à être, ou Le danger des personae.

Le danger du M.P.D. est que l’une des personnalités peut devenir dominante et détruire les autres et par conséquent détruire aussi le moi originel. La fiction a extrapolé bien des fois ce thème, c’est le cas du film Psychose d’Alfred Hitchcock en 1960 (ill.34), où, à la fin, il ne subsiste dans le corps de l’homme que la personnalité de la mère, les deux personnages s’étant livré un combat à l’intérieur de la tête où l’un a définitivement supprimé (ou s’est substitué à) l’autre. C’est d’ailleurs la voix féminine de la mère de Norman Bates que l’on entend, une voix intérieure, la voix de son maître, qui est celle de sa pensée. Le dernier plan juxtapose au visage de Norman la dentition de sa mère (flèche rouge sur ill.34), comme si elle l’avait dévorée et supplantée. Ce choix des dents, s’il se doit de donner un coté effrayant n’en est pas moins significatif au niveau des relations entre les identités que nous possédons, et qui se dévorent entre elles.

Mais Tony Oursler, au travers de son travail, tend à développer entre autres l’idée qu’il ne s’agirait plus d’une maladie mais plutôt d’un état « normal » propre au comportement de l’individu contemporain.

Idée que l’on retrouve dans l’ouvrage de Dubet et Martuccelli, mais où il s’agissait d’endosser des rôles, des identités suivant les contextes ou nous nous trouvons (le travail, la famille, les amis etc.) Alors que j’y verrais chez Tony Oursler plus le fait « d’être », en l’occurrence : multiple, que de jouer « à être.»  Et cette façon d’être multiple ne serait pas une psychose, mais la norme actuelle de notre société.

Nous aurions cette faculté de « zapper » d’une identité à une autre plus ou moins inconsciemment. La possession est quelques chose qui fait peur, parce qu’elle fait entrer une âme étrangère dans notre être, dans notre corps. Ce n’est pas l’identité multiple.

Mais, quand Tony Oursler propose cette multitude comme norme actuelle, il révèle le danger  d’une telle pratique. Par quoi construis-je ma multitude ? Par les contextes sociaux, régis eux-mêmes par des normes, dans lesquelles j’évolue, par les médias (Télévision, presse, jeux vidéos), je me perds entre l’image et la réalité.

Je perd le sens de cette réalité et la matérialité de mon propre corps. Car, avec un peu de pratique je vois que je peux non seulement être multiple consciemment ou non, et peut-être plus dangereusement lorsque j’en suis conscient, me diviser à volonté au fur et à mesure de ma consommation de projections (images des médias). Tant qu’à la fin j’en deviens moi-même une projection, et que je ne puis plus que me construire ainsi.

De plus rejoignant la préoccupation de Tony Oursler il est à noter qu’il est spécifié littéralement dans le D.S.M.IV que :

La plupart d’entre nous pouvons présenter quelques traits de quelques-unes unes de ces personnalités sans toutefois qu’il y ait lieu de diagnostiquer un ou des troubles.[1]

Et le fait que les têtes d’Oursler s’expriment toutes ensembles soit par leur place dans l’expo ou au sein de Untitled M.P.D. nous parlent bien aussi de cohabitation difficile.


[1] American Psychiatric Association, DSM-IV.

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