01.1 CLAUDE CAHUN 01.1.1 S’inventer soi-même

01.1 CLAUDE CAHUN

01.1.1 S’inventer soi-même

Claude CAHUN (1894-1954 ), de son vrai nom Lucy SCHWOB, vers 1914,1915 s’interroge au travers de ses images sur sa place en tant que femme dans la société. En tant qu’homosexuelle femme, elle se sert de la place dans laquelle on la met, celle de la marginalité, pour se chercher ou s’éviter elle-même, elle se sert de sa propre histoire, de sa sensibilité et de sa propre vie, dans la construction de ses images et d’elle-même. Elle donne une réalité aux rôles qu’elle interprète au théâtre en utilisant ses costumes dans ses photographies, elle se mélange à une fiction, rejette son identité au profit d’une mascarade.

Ses photographies aux connotations sexuelles androgynes jettent le doute sur une identité ambivalente tantôt affirmée, tantôt en question.

Claude Cahun était une artiste femme homosexuelle et a dû s’opposer au « masculinisme » du Surréalisme qui entendait porter aux nues la sexualité, mais une sexualité masculine. André Breton disait aimer les femmes, mais c’était au niveau du machisme le plus « traditionnel ». Il n’y a jamais eu d’homosexuel, en tout cas déclaré chez les surréalistes, André Breton y était hostile. On ne peut pas dire elle-même que Claude Cahun ait appartenu au mouvement surréaliste ( elle n’est pas même citée dans le livre sur les femmes et le mouvement surréaliste de Whitney Chadwick[1] ).

Les surréalistes reconnaissaient la femme comme muse et comme amante, comme créatrice, mais mythifiaient la femme en prétendant la révéler. Ce qu’ils retenaient , c’étaient pêle-mêle : la vierge, la femme enfant, la créature céleste. C’était aussi le côté éthéré, désexualisé que la sorcière, l’objet sexuel, la putain.

La femme enfant freinait les femmes artistes pour que celles-ci puissent parvenir à une maturité artistique et elles ont donc dû pour avancer se détacher des théories surréalistes sur la femme.

Claude Cahun était relativement peu connue à cette époque ; elle interrogeait son ou l’identité par rapport au contexte social dans lequel elle évoluait , ce que je nommerais l’identité statutaire. Elle interrogeait son identité féminine et homosexuelle, identité sexuelle ou plus exactement de genre qui tendrait à  ne pas vouloir être définie par Claude Cahun.

Son identité d’artiste et enfin son identité personnelle, la plus importante, identité singulière ou multiple.

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[1] Whitney Chadwick, Les femmes dans le mouvement surréaliste, Thames & Hudson, Londres, 2002.