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imultiple
16 septembre 2005

01.1.2 Mascarade Whitney Chadwick[1] dit que «

01.1.2 Mascarade

Whitney Chadwick[1] dit que  « (…) toute les œuvres surréalistes seraient des autoportraits », mais peu de « tableaux » livrés par les hommes montrent des « autoportraits », que se soit par le corps ou le visage de l’artiste reconnaissable. Ce contrairement aux photographies de Claude Cahun où le corps est explicitement reconnaissable, ainsi que son visage, même lorsqu’il est grimé. Alors que cela est plus difficile avec Cindy Sherman, qui tend à « disparaître » complètement au fur à mesure de ses travaux. Bien que dans la série des Untitled Film stills, Cindy Sherman semble reconnaissable, je dirai qu’elle n’est pas « identifiable ».

Il me serait incapable d’en donner à quelqu'un une description de sorte qu’il puisse la reconnaître, ce qui montre l’efficacité du travail de Cindy Sherman, qui s’appuie dans ses mises en scène sur des stéréotypes du regard masculin, ce qui me rend difficile toute description, me renvoie à mon propre piège de stéréotyper la femme, à mes propres fantasmes machistes de la femme fatale, romantique etc.

Claude Cahun joue des rôles mais semble transparaître au travers. Derrière une mascarade semble se révéler une unité dont l’identité singulière est en question.

Fausse unité

De plus Claude Cahun n’est pas seule…Susan Malherbe (ill. 1) , sa demi-sœur et amante est derrière l’objectif. C’est elle qui fait les prises de vues. Alors ne pourrait-on voir derrière la mascarade de Claude Cahun une identité scindée en deux parties ? ( Cahun et sa sœur ). Au travers de cette relation se cumulent une identité pour autrui et une identité pour soi, car Susan est aussi la seule spectatrice. Dans ce rapport consanguin on ne peut véritablement parler de deux identités, mais plutôt d’une seule, partagée par les deux, à l’image de sœurs siamoises ou de jumelles. Il y a construction non seulement de soi mais aussi du couple.

On s’éloigne d’une recherche du  « soi » personnel et isolé. Claude Cahun accorde une grande place aux déguisements, aux masques, à une « fictionalisation » d’elle-même, d’où naît cette étrangeté qui se dégage de ses photographies. On est dans l’anti-psychologisme total, elle se recherche elle-même au travers de ses mascarades, se construit. Pour Joan Rivière[2], la mascarade était un moyen de la femme pour lutter contre l’angoisse. Plus encore, il s’agirait plutôt d’un « outil » de construction de soi. Pour Claude Cahun on est avec une identité en devenir, ses autoportraits lui permettent de s’engendrer elle-même.


[1] Ibid.

[2] Joan RIVIERE, Womanliness as a masquarade, The International Journal of Psychoanalysis, vol. 10, 1929, p. 303-313. tr. Fr. La Féminité en tant que mascarade, Féminité-Mascarade ( études psychanalytiques réunies par M.-Ch. Hamon ), Paris, Seuil, 1994.

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